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D’un monde bipolaire à un monde multipolaire Aboulmajd Abdeljalil

 

« L’ancien monde a déjà disparu, le nouveau monde n’est pas encore là » aimait à dire Antonio Gramsci en se référant à la période de l’Europe dans l’entre-deux-guerres. Cette formule se prête à merveille à décrire l’époque actuelle issue des bouleversements internationaux des années 1989/1991 qui ont marqué la fin du monde de l’après-guerre et le clivage entre les deux blocs. Alors qu’on commençait à croire à une « fin de l’histoire » (Fukuyama), un nouvel ordre mondial ainsi que de nouveaux dangers apparaissent.

I) Un monde unipolaire dominé par les États-Unis après la chute du mur de Berlin :

La puissance d’un Etat est déterminée par sa capacité à tirer parti de la combinaison de différents facteurs (poids démographique, superficie, ressources naturelles, richesse économique, capacités militaires, poids dans les institutions internationales, rayonnement culturel, capacité d’innovation) pour imposer sa volonté aux autres Etats. [Joseph Nye, Raymond Aron au sujet de la puissance offensive, Max Weber]. Pendant, la guerre froide on pouvait distinguer deux superpuissances capables d’affirmer leur influence partout dans le monde. Au sortir de la guerre froide, les Etats unis pouvaient être tentés de s’affirmer comme une hyperpuissance, pour reprendre l’expression de l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, c’est à dire une puissance sans rivale, capable d’imposer son hégémonie, sa domination sans partage. Le 11 septembre 1990, Georges Bush père annonce l’instauration d’un nouvel ordre mondial ( » New World Order « ). Il désigne ainsi la mise en place d’un monde de paix et d’harmonie à l’issue de la guerre froide. Implicitement, les EU apparaissent dans ce discours comme les garants reconnus par tous les gouvernements et toutes les institutions de cette nouvelle ère. Il faut dire que le contexte semble alors lui donner raison. Pendant l’automne 1990, se forme une vaste coalition autour des USA. Elle est mandatée par l’ONU pour rétablir les droits du Koweït envahi par l’Irak en aout. C’est la guerre du golfe. La tentation d’une hégémonie est alors grande. Certains politologues développent alors la « théorie de l’empire global » selon laquelle l’ordre mondial pourrait être administré de façon unilatérale par une seule puissance : les Etats-Unis.

II Après la tentation d’un monde unipolaire dominé par les États-Unis :

La période des années 1990 marque la fin du monde de l’après-guerre et le clivage entre les deux blocs. Alors un nouvel ordre mondial se met en place avec la fin de la guerre froide, les États Unis n’ont    plus de rivaux et sont les seuls capables d’exercer une influence mondiale dans tous les domaines. 

Toutefois, ce «nouvel ordre mondial» (formule utilisée par le président des États-Unis G. H. Bush en 1990) laisse émerger de nouvelles conflictualités, de nouvelles menaces et de nouveaux équilibres internationaux. La remise en question de l’hyperpuissance américaine, manifeste lors des attentats du 11 septembre 2001, l’affirmation d’un monde multipolaire et la multiplication des conflits et tensions, caractérisent le début du XXIe siècle.

Ainsi, le contexte post-11 Septembre change quelque peu la donne. Malgré la suprématie militaire des Etats-Unis dans le monde et leur domination sur la structure de sécurité internationale, les interventions armées en Afghanistan et en Irak ont occasionné un cout économique, politique et militaire considérable pour la puissance américaine.

III Vers un monde multipolaire :

La disparition du système bipolaire a laissé un vide de pouvoir dans certaines régions du monde, donnant lieu à une série de conflits et de tensions. Les anciens états tampons entre l’Est et l’Ouest ont dû trouver leur propre voie, parfois en déclenchant des conflits internes ou en devenant des points de friction entre les nouvelles puissances émergentes. Dans certains cas, la fin de la Guerre Froide a ouvert la voie à des tensions ethniques ou politiques qui étaient auparavant réprimées par la structure du pouvoir bipolaire. Les conflits dans les Balkans dans les années 1990 sont un exemple frappant, où les tensions ethniques ont dégénéré en violence à grande échelle après la chute du communisme. En outre, dans certaines régions comme le Moyen-Orient, le vide de pouvoir a exacerbé les rivalités régionales et a conduit à une augmentation des conflits et de l’instabilité. En l’absence d’un équilibre clair du pouvoir, plusieurs pays ont cherché à étendre leur influence, souvent par des moyens militaires. Dans l’ensemble, la transition vers un monde multipolaire a apporté de nouvelles complexités et défis en termes de relations internationales, alors que les nations naviguent dans cette nouvelle dynamique de pouvoir.

 Ainsi, la transition vers un monde multipolaire ne sera pas sans défis. Déjà de nombreux conflits régionaux ont éclaté, souvent en raison de rivalités de pouvoir ou de ressources. Par exemple, les guerres en Irak et en Afghanistan ont été en partie le résultat de la lutte pour le contrôle des ressources pétrolières et gazières. De même, les tensions entre les États-Unis et la Russie ont continué à se manifester, notamment en raison de désaccords sur des questions telles que l’expansion de l’OTAN et la question de la Crimée. Le passage à un monde multipolaire reste un processus en cours et l’avenir de ce nouveau système international est incertain. Les tensions entre les grandes puissances, les conflits régionaux, et les défis mondiaux comme le changement climatique et la prolifération nucléaire continueront à façonner l’équilibre du pouvoir mondial dans les années à venir.


Conclusion

Le monde au 21é siècle sera-t-il unipolaire ? Bipolaire ? Ou multipolaire ? Dans le domaine technologique, on voit un monde bipolaire sino-américain, sans guerre directe, mais dans le cadre d’une mondialisation négociée. C’est le grand retour des Etats-nations avec Beijing et Washington qui dominent l’Economique et le Politique. Ceci à court terme de 2020 à 2050.

Mais à plus long terme, de 2050 à 2100, c’est un monde multipolaire qui pourrait émerger avec l’Inde et l’Afrique comme acteurs importants aux côtés de l’Europe, la Chine et des Etats-Unis.

Bref, le monde change, nous devons changer avec. Le véritable atout de l’Afrique, c’est sa jeunesse qui doit être éduquée et formée.

Pour aller plus loin

Thierry Garcin  «Un monde multipolaire, vraiment ? »  Diploweb.com le 4 janvier 2014.

–  Sebastian Santander, Sylvain F. Turcotte, Mathieu Arès « L’émergence de nouvelles puissances : vers un système multipolaire » Editions-ellipses, Paris 2009.

-Samir Amin « Pour un monde multipolaire » Editions Syllepse, Paris, 2005.

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