«Peu importe la vitesse à laquelle vous allez, du moment que vous ne vous arrêtez pas»
Confucius (551-479 avant JC)
Ces dernières décennies ont été marquée par de nombreuses crises économiques, sécuritaires et sociales. Ces crises ont eu des conséquences néfastes sur le continent africain dont le chômage et l’emploi des jeunes. Quelles sont les causes et conséquences du chômage des jeunes en Afrique? Pourquoi l’emploi des jeunes est crucial pour la stabilité politique en Afrique? Que faut-il changer pour résoudre le problème de l’emploi des jeunes en Afrique?
I-L ’Afrique vivier de main d’œuvre
L’Afrique est le continent le plus jeune de la planète. Avec près de 200 millions de personnes âgées entre 15 et 24 ans, l’Afrique a la population la plus jeune au monde. Et elle ne cesse de croître rapidement. Le nombre de jeunes en Afrique va doubler d’ici 2045.
L’évolution de la démographie constitue un facteur explicatif des niveaux élevés de chômage des jeunes en Afrique. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), « 25,6 millions de jeunes travailleurs âgés entre 15 et 29 ans entreront sur le marché du travail et auront besoin de trouver un emploi » d’ici 2030. Cette hausse de la main-d’œuvre des jeunes sera « presque entièrement » le fait de l’Afrique.
La population en âge de travailler sur le continent africain devrait atteindre près d’un milliard à l’horizon 2030. Pour faire face à cette croissance, selon la Banque africaine de développement (BAD), « l’Afrique doit créer chaque année environ 12 millions de nouveaux emplois pour contenir l’augmentation du chômage ».
En moyenne, toujours selon des estimations de l’institution panafricaine, 11 millions de jeunes entrent chaque année sur le marché du travail en Afrique qui ne dispose pour eux que de 3 millions d’emplois, soit un écart d’environ 8 millions. Résultat : »Les jeunes représentent 37% de la population active, mais constituent environ 60% des personnes au chômage », note la BAD.
L’Union africaine (UA) a lancé le 25 avril 2019 un programme baptisé « 1 million by 2021 Initiative », « une preuve de (son) engagement en faveur des jeunes », précise un communiqué de l’organisation. L’objectif de ce projet est d’offrir des opportunités à « des millions de jeunes Africains d’ici 2021 », notamment en matière d’emploi, d’entrepreneuriat et d’éducation.
Deux ans pour éclaircir, par exemple, l’horizon des « plus de 11 millions de jeunes sans travail en Afrique subsaharienne et (des) 69% des jeunes qui s’identifient comme ‘travailleurs pauvres », selon les chiffres de l’OIT. Dans cette partie du continent, le marché du travail est caractérisé par l’inadéquation des qualifications et l’importance du secteur informel, où les rémunérations sont faibles et la protection sociale inexistante.
II-Le chômage des jeunes, une force de déstabilisation
L’un des défis les plus pressants pour l’Afrique est la montée du chômage, ainsi que les niveaux élevés d’emploi vulnérable et de travailleurs pauvres en Afrique, qui devrait augmenter dans les prochaines années.
Compte tenu du rôle clé de la jeunesse dans le développement futur, l’ exclusion exerce un coût élevé pour la société, ce qui pose une menace potentielle pour la sécurité humaine sous toutes ses formes. Les répercussions sont potentiellement dévastatrices sur les plans social, économique et personnel, c’est pourquoi l’OIT met en garde de ce qui pourrait devenir une «génération perdue». Leur sort pourrait aussi engendrer une multitude de problèmes dans l’avenir pour ceux sans expérience de travail ou sans éducation qui pourraient passer le même modèle à leurs enfants.
A titre d’exemple en Afrique du Nord, le raz-de-marée provoqué par les soulèvements de la jeunesse arabe s’est mué, en ce qui est désormais appelé le printemps arabe. « Cette jeunesse éduquée et souvent diplômée confrontée au chômage, au népotisme et à l’impuissance des vieux dictateurs à lui offrir un avenir, n’a jamais cru en la capacité de quelques hirondelles électorales à faire un printemps démocratique. Fatiguée par les promesses non tenues et des plans de développement venus d’ailleurs, sous prétexte de co-développement, la jeunesse arabe a compris qu’il ne saurait y avoir de justice sociale et de partage équitable des richesses sans une démocratie réelle… ».
III-Opportunités et solutions possibles
Les nouvelles technologies de l’information sont une source considérable d’emplois et les opportunités de travail liées au numérique et à l’économie verte.
En effet, outre l’informatique, une personne formée à ces technologies pourra mettre en application ses compétences dans de nombreux domaines, comme l’agriculture, la santé, les énergies renouvelables ou encore l’éducation. Sans compter les nouveaux métiers que peut offrir le secteur, comme l’Internet des objets, la cybersécurité – un enjeu majeur de la démocratisation du numérique – ou la blockchain. Des opportunités à prendre en compte quand l’on sait qu’à l’horizon 2030 plus de 30 millions de jeunes Africains entreront chaque année sur le marché du travail.
Dans son étude intitulée « The Future of Jobs and Skills in Africa. Preparing the Region for the Fourth Industrial Revolution », publiée en mai 2017, le World Economic Forum (WEF) estimait que les jeunes Africains titulaires d’un diplôme en sciences, technologies, mathématiques et ingénierie (STEM) ne représentaient encore que 2 % de la population totale d’âge universitaire du continent.
Ainsi, les TIC donnent à l’Afrique l’occasion de «sauter les étapes du développement», «d’accélérer sa marche vers un avenir meilleur» et de «faciliter le grand bond technologique».
Aussi, l’agriculture est une excellente source de création d’emplois pour les jeunes, grâce à l’approche de la chaîne de valeur, il est possible de générer plusieurs opportunités d’emploi. Cependant, il y a un besoin urgent de transformer les agriculteurs en entrepreneurs qui réussissent. Pour ce faire il faudra nécessairement prendre des mesures pour moderniser ce secteur et ainsi obtenir de meilleurs résultats dans la production, la productivité et plus de revenus. Ensuite, étant donné que la récente croissance économique en Afrique n’a pas conduit à la création d’emplois pour les jeunes, il est impératif de concevoir des stratégies de croissance ciblant les secteurs de développement clés qui génèrent des emplois.
En Asie la révolution de l’agriculture se concentrait surtout sur l’amélioration des rendements, et cela reflétait une combinaison critique d’un meilleur accès aux marchés, à la finance, à la technologie et aux techniques. L’inclusion économique importait plus que la restitution des terres.
Il est également essentiel d’améliorer le climat global des affaires et de mettre en place les conditions propices qui encouragent, et non pas découragent, la création d’entreprise et permettent ainsi à l’entrepreneuriat de s’épanouir afin que le 21ème siècle soit un siècle pour l’humanité et non pour les multinationales. Un modèle économique qui fait de l’humanité sa priorité est le seul qui puisse survivre à l’épreuve du temps. Ce modèle économique est ce dont l’Afrique a besoin pour être en mesure d’employer sa jeunesse.
Conclusion*
Il ressort de ce qui précède, que l’Afrique est confrontée à une augmentation du chômage des jeunes. L’accroissement démographique, la proportion grandissante des jeunes urbains, l’exode rural et la crise économique sont autant de facteurs qui aggravent la situation de la jeunesse africaine, contribuant aux risques de tensions sociales et d’instrumentalisation politique.
L’éducation est la clé pour libérer le potentiel des jeunes en Afrique. Améliorer la qualité et la pertinence de l’éducation et de la formation professionnelle est une nécessité pour obtenir une démarche de qualité dans les pays africains. Le développement d’autres compétences comme l’esprit d’entreprise, la maitrise de la technologie ou les capacités de communication est nécessaire pour garantir que la future force de travail puisse s’adapter à des économies en évolution constante et s’implique dans la vie économique et civique.
Bref, La jeunesse est le meilleur allié du continent africain. Mais elle peut aussi devenir son pire ennemi si elle ne trouve pas d’emploi décent d’ici 2050 C’est d’autant plus vrai pour un continent où les jeunes seront plus de 830 millions en 2050.
Pour aller plus loin
-Boni Tanella, «Des jeunes en quête d’avenir» in 50 ans après, Quelle indépendance pour l’Afrique, Paris, Ed. Philippe Rey, 2010.
-Nadia Hamour et Mohammed Abdi, «Les leçons du printemps arabe», in lemonde.fr (Article publié le 09 mars 2011).
–Jacques Bonjawo «Internet : Une chance pour l’Afrique» Editions Karthala , 2002.