Partout dans le monde, les syndicats jouent un rôle important dans la résolution de conflits sociaux et la réduction de l’inégalité sociale, notamment dans les pays ayant créé un environnement favorable pour la liberté syndicale et développé une culture du dialogue social, le rôle des syndicats et des partenaires sociaux ne se limite plus à la défense des droits et des intérêts sociaux, économiques et professionnels de leurs adhérents, mais les syndicats contribuent aussi à la justice sociale. Qu’en est-il en Afrique ?
En Afrique, les syndicats évoluent dans un contexte différent, marqué par des entorses à la démocratie et aux droits essentiels, ainsi que par le chômage et la pauvreté, notamment des jeunes.
Ces facteurs limitent la possibilité pour les syndicats d’obtenir des améliorations visibles pour les travailleurs et les travailleuses. En conséquence, les syndicats peinent à attirer davantage de membres, ce qui les maintient dans une situation de vulnérabilité. C’est un cercle vicieux qu’il faut casser.
S’ajoute à cette situation une concurrence féroce, dans un paysage syndical parfois éclaté au point de comprendre plusieurs dizaines de syndicats. Ceci s’observe essentiellement dans les pays d’Afrique francophone, pour des raisons historiques et politiques.
Certes, le pluralisme syndical permet d’assurer la démocratie syndicale. Dans beaucoup de pays africain, ce principe a permis de libérer les travailleurs du joug d’un syndicat unique associé au parti unique alors au pouvoir autoritaire. Mais, ce principe ne peut pas servir à justifier une fragmentation excessive du mouvement syndical.
Aujourd’hui, on constate une prolifération d’organisations syndicales dans plusieurs pays d’Afrique, principalement francophones. D’autres freins à l’organisation des travailleurs et à l’action syndicale sont notamment l’économie informelle, la violation des droits et des libertés syndicales, ainsi que la multiplication et la détérioration des conflits sur le continent. Les conséquences sont néfastes pour le mouvement syndical qui en ressort affaibli. Cela influence leur efficacité, leur représentativité, leur crédibilité, leur légitimité et leur capacité à imposer un rapport de force favorable à la négociation.
Face à cette situation, les syndicats se retrouvent donc dans une position délicate. Certes, les circonstances appellent plus que jamais à la défense des travailleurs. Cependant, l’évolution économique diminue fortement le pouvoir d’influence des syndicats et nécessite des réponses nouvelles. Leur marge de manœuvre est réduite entre un abandon de certains acquis sociaux et un conservatisme qui pourrait finalement se révéler néfaste pour les intérêts des travailleurs.
Dans ce contexte difficile, il s’agit d’élaborer des revendications à la fois réalistes et innovantes, capables d’aboutir au compromis équitable dans l’immédiat mais également de poser les bases d’un développement à long terme.
Bref, les syndicats sont la clé pour s’assurer que les gains de productivité se transforment en bénéfices pour tous et non seulement en profits pour quelques-uns.
Enfin, Il est important de souligner que les relations de travail saines et dynamiques dans l’entreprise favorisent la rentabilité et l’innovation, le développement économique et le maintien d’une classe moyenne forte, elle-même nécessaire au bon fonctionnement des systèmes.
C’est tout cela qui est en jeu pour la prochaine génération de travailleurs et de travailleuses en Afrique. Voilà pourquoi l’Afrique a besoin des syndicats forts maintenant plus que jamais.
Tant qu’il y aura des salariés, on aura besoin des syndicats.