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Zone de libre-échange en Afrique Enjeux et défis Par Abdeljalil Aboulmajd

De prime abord, il convient de préciser qu’une vraie zone de libre-échange est le grand espoir pour l’Afrique pour amorcer son développement.

Partie d’un constat sur la faiblesse des relations commerciales entre pays africains, estimées à 17 % seulement contre environ 70 % avec l’Europe 55 % en Amérique du Nord, 45 % en Asie et 35 % en Amérique, la création d’une zone de libre-échange continentale africaine a germé et fait sa route au sein de l’Union africaine. Alors qu’est-ce que la ZLECAf et quels sont les enjeux et défis à relever pour garantir son succès?

La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est un accord destiné à dynamiser le commerce intra-africain d’une part, et à accélérer une meilleure insertion de l’Afrique dans le commerce mondial d’autre part, la ZLECAf est la traduction d’une vision ambitieuse des Etats africains à matérialiser les efforts de convergence et d’intégration entrepris par les différentes Communautés économiques régionales.  Elle vise ainsi, non seulement à créer un marché unique continental des biens et services, mais aussi à établir une libre circulation des opérateurs économiques, avec dans l’orbite la mise place d’une union douanière en 2022 et d’une communauté économique africaine d’ici 2028. Autant dire que la ZLECAf constitue un projet d’espoir pour l’intégration africaine, puisque l’accord qui l’établit s’est montré attentif à l’articulation entre les déterminants matériels et immatériels de l’intégration continentale.

Toutefois, cette initiative de l’Union africaine, qui semble porteuse d’espoir pour les économies locales présente, tout de même, de nombreux défis auxquels les pays africains doivent faire face. Ces défis sont, entre autres, d’ordre politique, économique, juridique et sécuritaire.

1) défis politiques

Le manque de volonté politique semble être le principal obstacle pour renforcer l’intégration régionale et continentale.

Bon nombre d’observateurs des institutions africaines et de plusieurs résolutions adoptées par celles-ci, déplorent l’absence d’une véritable volonté politique de développement et d’intégration en Afrique. Cette absence de volonté politique se manifeste notamment par l’existence de nombreuses résolutions adoptées mais le dysfonctionnement des institutions africaines créées à cause de la non-contribution et la non-adhésion des Etats membres, la lenteur ou le refus des Etats membres à fournir les informations nécessaires les concernant aux institutions africaines intéressées.

L’exemple récent des résolutions prises dans le cadre de la communauté économique africaine (CEA) et qui ont du mal à être respectées et mises en œuvre par les Etats membres, marque bien cette réalité. Ainsi donc, beaucoup d’élans ont été freinés parce qu’ils n’ont pas été soutenus jusqu’à leur aboutissement par les décideurs africains que sont les chefs d’Etat et de Gouvernement.

2) défis économiques

Les principaux défis à relever pour réussir la ZLECAF sont, entre autres, l’amélioration  des conditions de vie des Africains.   Il s’agit  notamment d’assurer aux citoyens africains l’accès à un certain nombre de droits fondamentaux, comme l’éducation, la santé, la qualité des infrastructures de transport et la résolution du problème de déficience des réseaux de distribution et de transport.

Le continent fait face à d’énormes défis infrastructurels (énergie, voies de communications et transports, télécommunication, développement technologique) dont la résolution constitue un préalable incompressible à la réussite de l’intégration commerciale.

A l’évidence, l’administration en ligne a le potentiel d’aider à soutenir la mise en œuvre de l’Agenda 2030 et de ses 17 objectifs de développement durable. Il est quasiment impossible d’envisager le développement durable de milliards de personnes avec des ressources de plus en plus limitées, sans l’apport des technologies de l’information et de la communication.

La transformation numérique de la société ne peut plus être perçue comme un luxe. Bien au contraire, la capture continue et en temps réel des données les plus élémentaires à la fois sur l’environnement et sur les populations, la bonne gouvernance et l’exploitation rapide de ces données dans le sens du développement durable, et la banalisation et la généralisation des moyens de communication constituent des ingrédients obligatoires pour faire face aux crises de plus en plus fréquentes et de plus en plus rudes que traverse l’humanité.

Enfin, la transformation numérique de la société est le levier incontournable du développement durable en Afrique.

3) défis juridiques

Sur les plans juridique et institutionnel, plusieurs défis majeurs et non exhaustifs peuvent être relevés. D’abord, le risque d’établissement des institutions et mécanismes qui s’inscrivent dans des stratégies de consolidation, voire de contrôle de l’environnement régional par les États membres les plus forts, avec pour conséquence de renforcer les rapports asymétriques qui existent déjà plutôt que de les remettre en question.

Les pays tels que l’Afrique du Sud, le Nigéria, l’Egypte et le Kenya ont tendance à dominer les processus en rapport avec l’intégration commerciale du continent. Ensuite, l’application effective par les institutions nationales des décisions communautaires (insertion desdites décisions dans le corpus juridique interne des États membres) en vue de les rendre applicables par les agents des différents services publics à l’échelle nationale.

Finalement, concernant le défi de la rationalisation des institutions, plusieurs cadres traitant des mêmes questions au sein des CER existent. Ils sont entretenus par des influences extérieures dans l’objectif de préserver les intérêts étrangers, avec comme conséquence d’importants coûts induits par la dispersion des ressources humaines et financières déjà assez rares sur le continent.

4) défis sécuritaires

Enfin, L’Afrique est aussi ce continent qui connaît de graves crises sécuritaires, y compris la sécurité alimentaire, induites par les conflits dans toutes les régions. L’Afrique et l’Asie détiennent le triste record du nombre de conflits majeurs dans le monde. Ces guerres, principalement de type intra-étatique, détruisent des années d’efforts de développement, jettent sur les routes des millions de réfugiés et de personnes déplacées et provoquent des déstabilisations qui atteignent systématiquement tous les pays du continent. Répondre aux enjeux de sécurité en Afrique représente la première démarche de développement pour ce continent.

A l’horizon 2030, plusieurs grands séismes risquent de secouer l’Afrique. D’une part sur le plan interne, avec la croissance démographique, la question environnementale ou les crises sécuritaires ; d’autre part sur le plan international avec la crise énergétique, les effets de la construction d’un monde multipolaire, le déplacement du centre de gravité du capitalisme mondial et celui de la puissance vers les pays émergents, asiatiques notamment. Les cheminements et les futurs de l’Afrique en 2030 dépendent cependant prioritairement des stratégies qu’adopteront les principaux acteurs et décideurs.

Pour sortir de l’instabilité et de l’insécurité, il faudra donc mettre en place des institutions démocratiques plus fortes, capables de résister aux manipulations des dirigeants politiques, et non des institutions autoritaires qui excluent les citoyens et vont à l’encontre de leurs aspirations.

Conclusion

Il est   utopique pour l’instant de parler d’intégration de tout le continent Afrique, mais de sous intégrations régionales, l’important est de dynamiser des effets économiques de  la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) afin de stimuler la croissance, de réduire la pauvreté et d’élargir l’inclusion économique dans les pays concernés.

Dans les années à venir, et sans copier le modèle européen, l’Afrique pourra s’inspirer de la réussite du modèle d’intégration économique européenne, afin de réussir sa propre intégration, tout en injectant les spécificités de l’économie africaine et tout en se battant contre les véritables problèmes et obstacles quant à l’intégration économique réelle du continent.

En définitive, les enjeux et  les défis sont nombreux mais pas insurmontable au regard du potentiel dont dispose le continent.

Pour aller plus loin :

-Blanchard Sandrine «La Zlec lancée le 30 mai 2019, oui mais…» Dossier thématique Jeunes en Afrique, 29 mai 2019, [en ligne], https://p.dw.com.

 -Ben Achour Rafaâ, Delchande Dibi et de Charlie Mballa «Le libéralisme économique en marche: la ZLECAf ou la voie africaine», VigieAfriques, Volume 2, numéro 3, Août 2019.

 -Kamanda wa Kamanda (G) «Le défi africain, une puissance économique qui s’ignore» Afrique Biblio club, Paris, 1976.

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